Cet article fait suite à celui sur la Théorie des Angles. Si tu ne l’as pas lu, je te conseille de le faire avant de lire celui-là.
La semaine dernière, via la Théorie des Angles, on a vu comment optimiser son replacement pour prendre l’avantage sur ton adversaire. On a pu remarquer que le milieu du terrain était rarement un bon endroit où attendre le coup de l’adversaire. On a également parlé de l’avantage que tu prenais en rentrant dans le terrain. Aujourd’hui, on va aller plus loin et répondre la question suivante : à quel moment tu dois jouer long de ligne ?
Le long de ligne, une cible souvent mal exploitée
Je peux le voir régulièrement en match, les joueurs tentent un coup long de ligne “comme à la télé”. Un coup en bout de course qu’on aimerait voir gagnant, car ce sont des points qui marquent les esprits. Quand ils passent, ces frappes sont magnifiques et peuvent même casser le moral de l’adversaire.
Mais prenons un peu de recul. Statistiquement, est-ce que tu réussis ces frappes long de ligne plus que tu ne les rates ? Personnellement, je parierais sur le “non”. Pour des raisons plutôt simples :
- le filet est plus haut sur les côtés qu’au milieu
- la distance entre toi et le bout du terrain est plus courte en long de ligne
- si tu frappes un revers long de ligne, tu arrives sur le coup droit (le coup fort”) de ton adversaire
- géométriquement, tu ne peux pas dépasser ton adversaire avec cette trajectoire.
Sur cette illustration, tu peux voir qu’en jouant long de ligne, au mieux, ton adversaire va faire 1 ou 2 pas pour se placer sur la balle. Alors qu’en jouant la diagonale, il va devoir se déplacer plus voire, frapper depuis le prolongement du couloir. En retournant croisé, c’est toi qui ouvres le terrain.
Et même en pensant au coup d’après : en jouant long de ligne, ton replacement sera plus long, car en jouant dans la partie gauche du terrain, tu devras te replacer dans la partie droite (cf : l’article sur la théorie des angles).
De plus, si tu joues long de ligne, le trajet de ta balle est plus court (moins de distance à parcourir), tu as donc moins de temps pour te replacer.
Donc, si on résume : en jouant long de ligne, tu joues un coup qui a statistiquement moins de chances de réussite, donne une balle facile à atteindre pour l’adversaire, t’impose une zone de replacement plus loin et te laisse moins de temps pour te replacer ! Ça commence à faire beaucoup non ?
La diagonale, ta cible prioritaire
Mise en situation : Toi et ton adversaire avez commencé un rally côté coup droit. Chacun cherche à dépasser l’autre sans réussir à prendre l’avantage. Il prend l’initiative de changer de zone et envoie une balle sur ton revers. Quelle est ta prochaine cible ? (indice : tout est dans le titre du paragraphe.) Oui, tu dois en priorité jouer dans la diagonale, car ton adversaire vient de te laisser une ouverture ! À toi de l’exploiter.
En jouant croisé, tu retournes tous les défauts vu précédemment à ton avantage :
- c’est ton adversaire qui a une course plus longue à faire
- c’est lui qui a moins de temps pour se replacer
- tu pars de ton coup faible pour jouer sur son coup faible (armes égales)
- si tu croises bien, il va devoir frapper sa balle depuis l’extérieur du terrain
- et tu ouvres le terrain un peu plus
À partir de là, 2 possibilités : soit il retourne croisé et vous repartez sur un rally en attendant la prochaine ouverture ; soit il renvoie long de ligne et tu peux le remercier ! Car une fois de plus, il te laisse le coup le plus facile tandis qu’il choisit le plus compliqué. Il s’impose une nouvelle course sur toute la largeur du terrain tandis que toi, tu n’as presque plus à te déplacer. Bref, c’est tout bénef’ ! Exploite ces erreurs pendant toute la durée du match.
Quand jouer long de ligne alors ?
À ce niveau-là, on pourrait presque se demander : pourquoi jouer long de ligne, puisque ça n’apporte aucun intérêt ?
Je n’ai pas dit que le long de ligne n’avait aucun avantage. Au contraire, de manière générale, au tennis, tu dois développer un certain nombre d’armes pour surpasser ton opposant. Le coup long de ligne permet de varier ton jeu. Si ton adversaire comprend que tu ne joues qu’en diagonale, il finira par ne plus couvrir l’autre côté pour limiter ses déplacements. En fait, il y a 3 situations dans lesquelles tu as tout intérêt à changer de cible : souviens-toi de P.A.P.
1. Position
Tu es pris dans un échange de diagonale. Petit à petit, tu arrives à excentrer de plus en plus ton adversaire. il se retrouve à jouer loin de sa ligne et en déséquilibre. Quand il n’est plus replacer dans la bonne position, c’est maintenant qu’il faut saisir ta chance !
Parce que ton adversaire est en difficulté, il sera moins efficace dans le choix de sa cible. À ce moment, impose-lui un long déplacement en changeant de cible ! La balance risque de faute/bénéfice de la frappe vaut le coup. Oui, tu fais le choix de jouer un coup risqué. Mais c’est parce que tu fais mal à ton adversaire en retour. Tu le mets en difficulté. Et j’insiste sur ce point, ta frappe long de ligne doit le déstabiliser. Sinon, tu te retrouves dans la situation décrite au début de l’article.
2. Approche
Il est intéressant de jouer long de ligne quand tu as une balle plus courte et que tu en profites pour monter au filet. En fond de court, si tu envoies une balle à droite, tu dois te replacer côté gauche. Mais, au filet, la géométrie du court est inversé : un coup à droit impose un replacement sur la partie droite du court (on en parle ici).
En jouant long de ligne pour monter au filet, tu vas devoir te replacer au niveau de niveau de la croix rouge. La distance jusqu’à ton remplacement est donc plus petite que si tu jouais croisé. Ajoute à cela, le long déplacement que tu imposes à ton adversaire et une fois de plus, la balance risque/bénéfice est à ton avantage.
3. Pattern
Dans un rally de coup droit, toi et ton adversaire jouez à armes égales, coup fort contre coup fort. Il est intéressant de jouer long de ligne pour diriger l’échange. En jouant ton coup droit sur son revers, tu prends l’avantage en cassant le rythme. On peut représenter le tennis comme un duel de chevalier. Ton coup droit est ton épée tandis que ton revers est ton bouclier. Techniquement, tu peux attaquer avec un bouclier mais la plupart du temps, tu te défends avec.
Donc, au lieu de jouer épée contre épée avec le chevalier adverse, tu as tout intérêt à frapper son bouclier. Tape sur son bouclier avec ton épée pour le faire céder ! L’idéal : changer de pattern (passer d’épée/épée à épée/bouclier) et profiter du changement de rythme pour contourner ton revers et frapper une nouvelle fois avec ton épée !
En résumé
Un coup long de ligne peut être une arme terriblement efficace, si elle est utilisée dans les bonnes conditions, car elle n’est pas sans risque. Quand tu es dominé par ton adversaire, que ce soit en vitesse ou en présence dans le terrain, ce n’est pas à toi de jouer long de ligne. Le coup est difficile, avec un filet plus haut, une marge de sécurité réduite et il t’impose une zone de replacement plus éloignée. Quand tu es en difficulté, privilégie systématiquement la diagonale.
De la même manière, quand ton opposant joue long de ligne, que tu sois en difficulté ou pas, ta cible prioritaire doit être la diagonale. Car elle va te permettre de gagner du temps et d’en prendre à ton adversaire. En croisant bien ta balle, tu vas même l’obliger un coup depuis l’extérieur du terrain et tu pourras ensuite exploiter la brèche que tu auras ouverte.
Pour autant, tu ne peux pas définitivement abandonner le coup long de ligne. Dans certaines conditions, il te permet de prendre l’avantage. Et ces conditions sont au nombre de 3 :
- Position : quand ton adversaire est déséquilibré lors de sa frappe ou qu’il est loin de sa position de replacement, joue long de ligne.
- Approche : quand tu as une balle courte que tu veux suivre au filet, pour déplacer ton adversaire et limiter ta distance de replacement, joue long de ligne
- Pattern : pour casser une diagonale épée/épée et prendre l’avantage en attaquant le bouclier de ton adversaire, joue long de ligne.