le tennis n'est pas du patinage artistique

Le tennis, c’est pas du patinage artistique

As-tu déjà perdu contre un adversaire qui avait une technique ultra-moche ? Un truc horrible où chaque balle est poussée un peu n’importe comment, où les déplacements et replacements paraissent hasardeux, où tu montes au filet sur les balles courtes avant de te faire lober ou passer le plus simplement du monde. Typiquement, l’ancien qui pousse les balles et te balade sur tout le court, ou l’ex-footeux qui court sur toutes les balles avec une technique d’autodidacte. Ce joueur qui t’a peut-être même fait jeter ta première raquette.

J’en ai trouvé un bel exemple sur YouTube :

Note : le classement 4.5 USTA équivaut en France à un classement entre 15/2 et 15/1.

Les réactions des joueurs

Quand on regarde les commentaires de la vidéo, on peut voir des remarques du genre :

Compilation de commentaires YouTube
Compilation de commentaires sous la vidéo

“Si le joueur en vert était une année… ce serait 2020”

“Ce mec est une VRAI troll du tennis !”

“J’ai joué un mec avec un slice de coup droit, un slice de revers / des amortis. De vrais déchets ... Peu importe la puissance que je mets dans la balle il renvoie sans poids et sans rythme. Cela me rend fou. Je veux toujours arrêter le tennis après avoir joué contre lui. Lol”

“C’est exactement à ça que ressemblent mes cauchemars.”

“Simplement regarder le gars en vert me rend fou. Quand je dois endurer un match contre quelqu’un qui a son style de jeu, c’est l’enfer sur terre.”

“Le gars en vert a le jeu le plus moche que j’ai jamais vu.”

Les commentaires de ce genre sont légion. De manière générale, de nombreux joueurs ont le même type de réflexion : “Comment fait-il pour gagner des points ?”, “Il ne bouge même pas bien.” ou encore “C’est le genre de joueur que je déteste affronter !”

Dans cet article, je te propose d’essayer de comprendre pourquoi les joueurs ont ce genre de réaction. Quelle est la raison principale pour laquelle les joueurs ont ce mauvais état d’esprit ?

Le tennis, ce n’est pas du patinage artistique

Au tennis, tu ne marques pas de points comme dans d’autres sports comme le patinage artistique ou la gymnastique. En patinage artistique, tu dois effectuer le programme le plus difficile, l’exécuter du mieux possible pour impression le jury. Et ce jury t’attribue un score.

Le tennis n’est pas comme ça. Tu n’obtiens pas de point bonus pour :

  • le style : avoir le revers le plus délié
  • la difficulté : poser un coup long de ligne à 3 cm de la ligne de fond passant à 1 cm du filet
  • la puissance : servir des boulets de canon à plus de 200 km/h
  • les effets : réussir les meilleurs lift
  • ta vitesse ou ton endurance : être capable de courir pendant 2h de match
  • tes connaissances : connaître les tactiques de tous les grands joueurs
  • ton équipement : avoir la meilleure raquette avec un surgrip tout neuf

Au tennis, il n’y a qu’une seule chose qui te donne un point : frapper la balle, au-dessus du filet, dans le court, une fois de plus que ton adversaire. C’est la seule et unique manière de gagner un point.

Ce qu’on aime voir et ce qu’on doit faire

Malheureusement, on a tous cette opposition en nous, entre ce qu’on aime voir au tennis et ce qu’on doit faire pour gagner. 

On aime tous regarder les vidéos résumés des grands matchs. Elles sont remplies de coups impressionnants et de points qui nous font rêver. 

Rodger Federer fait un tweener
En tant que fan de tennis, la plupart des lecteurs sont capables de dire en quelle année ce coup a été réalisé, non ?

C’est ce genre de coups qui nous fait aimer le tennis, qu’on espère tous réussir un jour. Ces coups qui dégouterait l’adversaire en quelques secondes. Ces coups valorisent… notre égo. Parce qu’à force de chercher à maîtriser ces frappes hors du commun, on en oublie la réalité :

Graphiques des points gagnants chez les joueurs et joueuses
Graphiques des points gagnants chez les joueurs et joueuses en fonction de leur niveau

La réalité, on l’a vue dans un article précédent. Le tennis, c’est environ ¼ de frappes gagnantes pour une écrasante majorité de fautes adverses. Et c’est pour ça que ce joueur en vert nous rend fou sur le court : il est devenu maître dans l’art de ne pas faire de faute ! Alors que nous essayons désespérément de maîtriser partie “coups gagnant”.

Dis en d’autres termes : ce joueur cherche à maîtriser 75% des points alors qu’on essaie de maîtriser 25% des points. Et c’est pour ça que le joueur en vert gagne énormément de match en 3ème série.

Origine du problème

Le problème remonte à notre enfance… Enfin je veux dire à nos débuts au tennis, ce qui équivaut à notre enfance pour certains. Parce que tous nos profs nous ont poussés à avoir une belle technique. Une vraie culture du beau geste

Mais, je dirais que l’arrivée de Federer tout en haut du circuit professionnel a exacerbé cette tendance. En le regardant jouer, on a l’impression que le tennis est facile et fluide. Parce que sa technique est ultra-propre (la meilleure actuellement selon moi), on a naturellement envie de reproduire ça. Il est devenu, pour beaucoup d’entre nous, un modèle à suivre. On porte donc tous nos efforts, durant nos entraînements, sur la réalisation de gestes précis et fluides. Tout ça, parfois au détriment des sensations ou du résultat. Peut-être as-tu déjà un prof qui t’a fait changer de prise de raquette parce que la tienne n’était pas orthodoxe, alors que toi, tu te sentais bien avec celle-là.

Personnellement, j’ai connu une période pendant laquelle j’avais perdu toute sensation dans mon lift de coup droit (j’en parle ici). Pour continuer à mettre en difficulté mes adversaires, j’ai compensé en chopant mes coups droit et en gagnant en précision. Mes balles allaient moins vite mais déplaçaient toujours autant mes adversaires. Malgré ces résultats, mon prof a tenté pendant des mois de me faire arrêter. 

La belle technique devient alors une finalité en soi.

Kevin James rate un tweenet
Quand tu tentes les coups compliqués que tu vois à la télé.

Comment progresser face à un joueur sans technique

Cet article parle d’état d’esprit à avoir quand vous jouer contre un joueur défensif. Contre un adversaire comme ça, tu as 2 possibilités : 

  • tu peux leur manquer de respect (comme dans les commentaires de la vidéo). Avec des réflexions (“Quel horreur, je ne peux pas jouer mon jeu. Tous ses coups sont mous, sans rythme. Il enchaîne amortis et lobs tout le temps. Comment je suis sensé joué contre cette m**** ? C’est même pas du vrai tennis !”), tu rejettes le problème vers ton adversaire. C’est de SA faute si tu ne peux pas jouer.
  • tu peux respecter ce type d’adversaire. Parce que, lui a compris qu’il n’a pas besoin de savoir faire un tweener pour gagner. Il a compris qu’en ne faisant pas de faute, il augmente ses chances de gagner 75% des points. En respectant ça, tu vas traiter ce joueur comme ton égal et même comme quelqu’un de meilleur que toi (car oui, si tu n’as pas su trouver d’outils dans ta boîte à outils pour battre ce genre, il est, aujourd’hui, meilleur que toi). Ta défaite devient alors TON problème.

L’immense majorité des joueurs autour du monde ne veut pas que ça devienne son problème. Il est beaucoup plus facile de blâmer un adversaire à la technique bizarre. Mais en rejetant la faute, on ne s’améliore pas. On ne développe pas de nouveaux outils. On n’étoffe pas sa palette de plans de jeu. On ne cultive pas un meilleur état d’esprit. On finit par rester coincé à son niveau et haïr ces joueurs qui progressent alors que de notre point de vue, ils ne le méritent pas.

C’est à toi de choisir quelle mentalité tu veux adopter.

Tu rates trop souvent tes points importants ? Tu te mets la pression à cause du score ?
Découvres les 5 clés pour gagner plus régulièrement les points à enjeu et remporter plus de matchs.

Cette publication a un commentaire

  1. Jean-Luc

    Je ne suis pas un joueur professionnel, mais oui, j’ai déjà perdu face à un adversaire qui frappait la balle un peu n’importe comment. Il ne s’agissait pas d’une compétition, mais tout simplement d’une partie de tennis entre potes. En effet, l’ami en question avait une telle puissance de tir que je ne pouvais pas vraiment le suivre.

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